
-
by Abdoul
- April 29, 2025
- 0 Comments
Une institution millénaire au service de la mémoire collective
Dans un monde où l’écrit puis le numérique ont pris le pas sur la parole, subsiste au Sénégal une figure ancestrale dont la voix continue de porter à travers les âges : le griot. Ni simple conteur, ni simple musicien, le griot représente une institution sociale complexe au cœur des sociétés ouest-africaines depuis plus d’un millénaire.
Qui sont les griots sénégalais ?
Au cœur des sociétés ouest-africaines, les griots (appelés “gewel” en wolof ou “jeli” en mandingue) sont bien plus que de simples musiciens ou conteurs. Héritiers d’une caste ancestrale, leur rôle est transmis de génération en génération, assurant ainsi la conservation fidèle de la mémoire collective depuis plus d’un millénaire. Chaque ethnie du Sénégal à ses propres griots : les gewel chez les Wolofs, les jeli chez les Mandingues, les gawlo chez les Peuls ou encore les iggiw chez les Maures.
Les griots sont des maîtres de l’art oratoire, du chant, de la musique — jouant d’instruments emblématiques comme la kora, le balafon ou encore le tama — et de la mémoire vivante. Ils allient poésie, musique, histoire et diplomatie avec une étonnante polyvalence.
Le rôle essentiel des griots dans la société
Préserver l’Histoire orale
Dans des sociétés où l’écriture fut longtemps rare, les griots étaient les véritables bibliothèques vivantes . Ils mémorisaient les généalogies des familles, les récits des grands royaumes et les traditions ancestrales. Comme l’a si bien exprimé Youssou N’Dour :
“Sans les griots, notre histoire serait comme un fleuve sans source.”
Ils sont aujourd’hui encore des passeurs de mémoire, irremplaçables pour comprendre le passé du Sénégal.
Animer les grandes étapes de la vie
Les griots sont présents lors des moments clés : mariages, naissances, funérailles, initiations… Leur voix donne une solennité unique à ces événements, rappelant aux participants leur place dans l’histoire collective. Ils chantent, racontent et honorent les ancêtres, insufflant force et continuité aux liens sociaux.
Médiateurs et diplomates naturels
Traditionnellement, les griots sont aussi des artisans de la paix . Grâce à leur liberté de parole exceptionnelle, ils interviennent pour apaiser les tensions, régler les conflits familiaux ou jouer un rôle d’émissaire entre villages et royaumes. Leur talent pour trouver les mots justes est un levier précieux dans des sociétés hiérarchisées où la communication pouvait être délicate.
Les griots aujourd’hui : entre tradition et modernité
À l’ère de l’urbanisation, de la mondialisation et de la digitalisation, les griots continuent d’exister et d’innover. Certains perpétuent la tradition lors de cérémonies privées, tandis que d’autres se réinventent dans les médias, la scène musicale internationale (comme Youssou N’Dour, Baaba Maal ou Kiné Lam) ou même dans le tourisme culturel et l’éducation.
De nouveaux défis apparaissent cependant :
-
Préservation de la vocation face à la modernisation des mentalités,
-
Transmissions familiales parfois rompues par manque d’intérêt chez les jeunes,
-
Précarité économique pour ceux restés dans un cadre plus traditionnel.
Mais malgré tout, leur rôle demeure crucial : entretenir le lien entre les générations, rappeler l’importance de l’histoire commune et célébrer la richesse des cultures locales.
Un patrimoine vivant à célébrer
Les griots ne sont pas de simples témoins du passé ; ils en sont les gardiens et les bâtisseurs. Dans un monde où la mémoire s’efface parfois trop vite, ils rappellent que l’histoire, la parole et la communauté sont les piliers de toute identité.
Pour prolonger votre découverte des richesses culturelles du Sénégal et mieux comprendre comment différentes traditions, dont celle des griots, se mêlent dans la capitale, je vous invite à lire aussi cet article passionnant : Les communautés ethniques de Dakar : richesse et diversité culturelle .
Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager autour de vous afin de faire vivre cette tradition fascinante !
La mémoire continue de vivre tant qu’on la fait circuler.