Les embouteillages chroniques à Dakar : une pollution sonore et mentale quotidienne sous-estimée

À Dakar, être bloqué dans les bouchons, c’est (presque) un mode de vie. Mais à quel prix pour notre santé mentale et notre bien-être ?

Dakar, 7h30. Vous montez dans une tata ou dans un taxi, tout va bien. Dix minutes plus tard, vous n’avez pas bougé d’un mètre. Une demi-heure plus tard, vous êtes toujours là, à contempler la même boutique de pièces détachées, les mêmes chèvres qui traversent comme si elles avaient priorité sur tout le monde. Bienvenue à Dakar.

Chaque jour, plusieurs milliers d’habitants de Dakar subissent le même calvaire : les embouteillages. Ce signe n’est pas qu’une question de transport ou de retard, c’est la matière d’une pollution mentale qui grignote tranquillement notre patience, notre énergie… donc parfois aussi notre santé.

On parle de pollution de l’air, de pollution sonore, de la pollution par les déchets. Mais on néglige beaucoup la pollution mentale , car c’est tout lentement , silencieusement , que l’on accumule dans un taxi, un bus ou sa voiture individuelle.
Et elle est pourtant bien là. Elle se traduit par un éternel soupir , cette tension des épaules, ce mal de tête sans cause , ou encore ce vague agacement qui vous suit jusqu’à destination .

Et c’est bien sûr que les causes sont nombreuses. Le mauvais état des routes , le surpeuplement de la capitale, la chaussée envahie par des vendeurs ambulants, l’ouvrier garagiste installé sur la chaussée, le chauffeur à l’arrêt en double file , des carrefours non régulés…bref, tout ce qu’il faut pour transformer un simple trajet de 20 minutes en expédition punitive de 2 heures.

Est-il encore normal d’y perdre deux heures pour couvrir en état normal, deux fois moins de kilomètres ? Nombreux sont en vérité ceux qui ont raté un vol en étant à l’heure mais pris dans un embargo routier, ceux qui ont raté un examen scolaire par la faute de la même obligation routière, ceux qui ont perdu un rendez-vous crucial sous l’angoisse d’un embouteillage. Il ne s’agit pas simplement d’un inconfort, mais bien d’un handicap sur la bonne marche de nos véritables journées et même de notre vie d’une certaine façon.

Parfois, le stress est tel qu’on en oublie pourquoi on est sorti. Une mauvaise nuit, un retard, un embouteillage… et boum, vous êtes déjà épuisé avant même de commencer votre journée. Et pourtant, continuez. Parce qu’on n’a pas le choix. Parce que Dakar roule, avance, vibre… et klaxonne. Beaucoup.

Ce n’est pas pour rien que certains se surprennent à parler seuls dans la voiture, à crier sur des inconnus à travers une vitre fermée ou à remettre toute leur vie en question entre deux feux rouges. Il y a un truc dans les bouchons qui rendent tout plus intense, plus absurde, et parfois plus drôle, il faut bien l’avouer.

Et le plus fou, c’est qu’on finit presque par s’habituer. On échange avec le chauffeur, on scrolle TikTok (jusqu’à ce que la batterie lâche), on écoute des chants religieux, on fait défiler notre playlist Spotify ou, au pire , on se répond sur des podcasts de développement personnel en tentant d’atteindre enfin la sérénité pendant que le chauffeur du bus derrière nous insulte toute la famille d’un motocycliste qui a grillé la priorité.

Mais ce n’est pas une fatalité. Parler de ces petits traumatismes du quotidien, c’est déjà une façon de les rendre moins lourds à porter. Et peut-être, un jour, d’imaginer une ville où se déplacer ne rimerait plus avec galère.

Si ces réalités vous parlent, ou si vous aimez lire des articles sur le quotidien des dakarois, du mariage à la découverte, en passant par l’économie, la tradition, l’alimentation, le sport ou même l’éducation, je vous invite à consulter ce lien :  https://www.seneface.com/my-blogs/

Et surtout… si cet article vous a fait sourire, soupirer ou dire « c’est TELLEMENT vrai ! », partagez-le à votre ami(e) toujours coincé(e) sur la VDN, même à 22h. Il ou elle se reconnaîtra.